AGOA : Les enjeux de la décision du Président Trump le 8 mars 2025 pour l’économie de Madagascar

Alors que l’administration Trump s’apprête à annoncer, le 8 mars 2025, le maintien ou non de Madagascar dans le dispositif de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), Antananarivo retient son souffle. Ce programme commercial, crucial pour les exportations malgaches vers les États-Unis, concerne principalement le textile, mais révèle aussi l’interdépendance entre Washington et la Grande Île, notamment à travers un autre joyau économique : la vanille.


Le marché américain, pilier de l’économie malgache

En 2023, les exportations malgaches vers les États-Unis ont atteint 339 millions de dollars, selon les données du gouvernement américain. Ce chiffre représente environ 2,2 % du PIB malgache (estimé à 15,4 milliards de dollars en 2023), soulignant le poids stratégique de ce partenariat.
  • Textile : Secteur phare sous l’AGOA, il capte 75 % des exportations vers les États-Unis (soit 254 millions de dollars), grâce à des exemptions douanières qui dynamisent des emplois locaux, notamment dans les zones franches.
  • Vanille : Les États-Unis absorbent 70 % des exportations malgaches de cette épice, soit environ 98 millions de dollars sur un total national de 140 millions (2023). Un marché vital pour des milliers de planteurs.
  • Autres secteurs : Produits miniers (nickel, cobalt) et agroalimentaire (girofle, litchi) complètent le reste (25 millions de dollars).

Vanille : Réforme risquée à l’heure des négociations sur l’AGOA

La filière vanille, dont Madagascar contrôle 70 % du marché mondial, traverse une tempête. Le Ministère de l’Industrialisation et du Commerce entend réduire de 128 à 30 le nombre d’exportateurs agréés d’ici octobre 2025 selon Africa Intelligence. Objectif : lutter contre la fraude et maximiser les retombées fiscales. Mais cette décision inquiète les acheteurs américains (McCormick, Virginia Dare, etc.), qui redoutent une concentration du pouvoir aux mains de quelques acteurs.

Or, ces importateurs, regroupés au sein de la Sustainable Vanilla Initiative (SVI), pèsent sur les discussions. Leur crainte ? Que cette rationalisation n’entraîne une hausse des prix ou des pénuries, dans un contexte où la campagne 2024-2025 s’annonce exceptionnelle en volume. Une situation délicate pour Antananarivo, qui doit aussi rassurer Washington sur sa gouvernance économique, critère clé pour le renouvellement de l’AGOA.

AGOA : L’épée de Damoclès

L’exclusion de l’AGOA serait un coup dur pour Madagascar. Outre les textiles, le pays mise sur ce statut pour attirer les investissements américains dans les mines et l’agroalimentaire. Les américains sont les seconds principaux investisseurs à Madagascar, juste après la France.

IDE

Madagascar, riche en ressources naturelles et doté d'une main-d'œuvre compétente, continue d'attirer les investissements directs étrangers (IDE). En 2023, le pays a enregistré 519 millions USD d'IDE, en hausse par rapport aux 469 millions USD de 2022. Les principaux investisseurs incluent la France, les États-Unis, Maurice, le Japon et la Corée du Sud.

Pour renforcer cette dynamique, Madagascar a adopté la loi n°2023-002 sur les investissements, affirmant la liberté d'investissement pour toute personne physique ou morale, nationale ou étrangère, souhaitant s'établir sur le territoire national. Cette législation vise à créer un climat d'affaires stable et prévisible, essentiel pour attirer davantage d'investisseurs.

Au niveau international, l'Accord sur la Facilitation des Investissements pour le Développement (FID) de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), finalisé en novembre 2023, vise à améliorer la transparence et la prévisibilité des cadres réglementaires, simplifier les procédures administratives et promouvoir la coopération internationale. Cet accord offre aux pays en développement, comme Madagascar, une opportunité d'accroître leur participation aux flux mondiaux d'investissements.

La mise en œuvre efficace de ces accords et lois est cruciale. Elle nécessite une coordination entre les secteurs public et privé, ainsi qu'une assistance technique pour renforcer les capacités institutionnelles. En adoptant ces mesures, Madagascar peut améliorer son climat d'investissement, attirer des IDE de qualité et favoriser un développement économique durable.

Pour conclure, les opérateurs s’interrogent en coulisses : Trump, connu pour son pragmatisme commercial, maintiendra-t-il Madagascar dans le dispositif malgré les tensions sur la vanille ? La réponse, attendue le 8 mars, déterminera si la Grande Île pourra tirer parti de ses 80 000 planteurs et de ses atouts textiles...

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